Ensemble, pour inscrire le droit à l’avortement dans la charte des droits fondamentaux européens
Nous devons agir avant qu’il ne soit trop tard !
Varsovie. 1600 kilomètres de Paris, en passant par Bruxelles et Berlin. Mars 2023. Justyna Wydrzynska, militante polonaise du droit à l’avortement, est reconnue coupable par la justice de son pays. Coupable d’avoir prêté assistance à une femme qui souhaitait interrompre sa grossesse. Pour ce “crime”, la militante écopera de 8 mois de travaux d’intérêt général.
Car en Pologne, au sein même de l’Union Européenne, depuis 2021, l’accès à l’Interruption Volontaire de Grossesse est profondément remis en cause. L’IVG n’est autorisée qu’en cas de danger pour la vie ou la santé de la femme, ou si la grossesse découle d’un viol ou d’un inceste. Mais dans les faits, il est presque impossible pour une personne éligible à l’avortement de l’obtenir. L’effet de la loi paralyse le corps médical, ce qui conduit les médecins à refuser de pratiquer l'interruption volontaire de grossesse.
Le droit à l’avortement est menacé en Europe
Alors que font les femmes ? Elles quittent le pays chaque année pour pouvoir avorter. Celles qui le peuvent. Celles qui n’en n’ont pas les moyens comptent sur les associations qui mènent encore un combat légitime à défaut d’être légal.
Pourtant, rien n’empêchera jamais une femme d’avorter. C’est un choix personnel. Mais c’est le choix d’une femme dans l’intimité de sa vie. Dans la trajectoire de son existence. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise raison. Il n’y a pas de justification à fournir. Il n’y a qu’une volonté totale à disposer de sa propre personne, volonté qu’il est urgent de transformer en droit.
Il n’existe d’ailleurs pas de différence dans le nombre d’avortements entre les nations qui autorisent légalement l’IVG ou celles qui refusent ce droit à leurs citoyennes. C’est le même nombre. La différence c’est la sécurité. La différence c’est la santé. La différence, c’est la souffrance, psychique et physique. La différence c’est le respect. La différence, c’est l’humanité.
Ces femmes comptent sur nous, sur vous, pour garantir leurs droits et leur sécurité
Le cas de la Pologne n’est pas une exception :
- En Andorre, l’avortement reste interdit et est passible de sanction judiciaire. Une femme qui avorte encourt 6 mois de prison. Son médecin : 5 ans.
- En Italie, 7 professionnels de santé sur 10 refusent de pratiquer des IVG.
- À Malte, une femme ne peut avorter qu’au motif que sa vie est en danger ou que le fœtus n’est pas viable.
- Aux États-Unis, 10 Etats restreignent depuis 2022 l’avortement aux seules situations de viols, d’incestes ou de danger pour la vie de la femme.
Nous le voyons, nous le vivons : le droit fondamental des femmes à disposer de leurs corps est aujourd’hui mis en péril dans plusieurs pays du monde par la réémergence des conservatismes, notamment portés par les droites dures et extrêmes, qui remettent en question jusqu’aux acquis sociaux les plus importants.
Nous devons agir avant qu’il ne soit trop tard !
Rappelons-nous les mots de Simone de Beauvoir : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. »
À l’heure où la France inscrit le droit fondamental à l’interruption volontaire de grossesse dans sa constitution, sans surprise une seule voix manque au consensus : l’extrême-droite. Benoîtement, Mme le Pen affirme « qu'aucun mouvement politique ne demande la remise en cause de l'IVG ». Nous affirmons, nous, écologistes, féministes, que ce droit est violemment attaqué dans des pays proches du nôtre, et que la plus grande vigilance est de mise.
Nous ne sommes pas résigné·e·s. Nous pouvons agir ensemble. En Europe. Pour que les femmes aient toujours le choix. Que ce choix soit garanti sur tout le continent.
Aussi, à l’occasion du 49ème anniversaire du droit fondamental à l’IVG pour les femmes en France, acquis le 17 janvier 1975, nous demandons de sanctuariser le droit fondamental à l’avortement en l’inscrivant dans la charte des droits fondamentaux européens, au plus haut de la hiérarchie des normes.
Ainsi, plus aucune force politique réactionnaire ne sera en mesure de mener une fronde contre le droit des femmes européennes à disposer de leur corps.
Soyons des milliers à soutenir cette proposition pour garantir que toutes les femmes du continent aient le droit de choisir.